Chers camarades, la constitution de notre République est finalement plus laïque que la déclaration de principe que nous apprêtons à voter. Elle nous dit en son article premier : «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion, elle respecte toutes les croyances.»
On ne saurait dire mieux en moins de mots. Et, en regard de cela, nous avons, nous, une déclaration de principe avec des formules que je trouve un peu tarabiscotées, un peu alambiquées, voire même dangereuses : «La laïcité entend promouvoir et organiser un espace commun respectant les religions dès lors qu'elles s'exercent dans le cadre de la loi et ne sont pas un obstacle pour les libertés individuelles et collectives. »
On pouvait faire plus léger. Et j'ai la faiblesse de penser que l'amendement que la fédération du Nord avait préparé, diffusé avec les moyens du bord, c'est-à-dire avec mon secrétariat parlementaire, ce qui n'est quand même pas très normal pour préparer une circonstance nationale. Nos revues n'ont absolument pas diffusé les amendements qui ont été préparés et les militants avaient, en somme, la possibilité de voter oui ou non à la déclaration de principe. La mécanique d'amendement qui a été mise en œuvre dans certaines fédérations, un peu parfois dans l'improvisation, est venue s'ajouter après.
J'ai la faiblesse de penser que l'amendement que nous avions présenté disait les choses avec plus de forces et plus de tonus. Certes, la commission des résolutions qui s'est réunie a parsemé ici ou là des mots, laïcité, a indiqué la laïcité dans le préambule, c'est une amélioration satisfaisante, mais qui n'est pas, quand même, entièrement satisfaisante. Et je crois que nous devrions savoir aujourd'hui, étant donné que ce débat est remis au cœur du débat politique par la droite et par la volonté sournoise du Président de la République et d'un certain nombre de ses séides, nous devrions savoir que la laïcité va redevenir un enjeu central, et ce n'est pas un enjeu sectaire, ce n'est pas un enjeu de fanatiques comme certains voudraient le laisser à penser, cela tombe bien, la laïcité est venue naturellement dans notre culture politique grâce à des républicains modérés, Jules Ferry ou Aristide Briand, rapporteur(s) de la loi de 1905 de séparation des églises et de l'État.
Je termine, Adeline, je pense que nous n'aurions pas le temps, aujourd'hui, de débattre à l'infini de cette importante question, mais je trouve qu'elle est un peu escamotée dans le débat et je voulais faire un suggestion : nous avions dans le passé, plusieurs camarades avant moi l'ont dit à la tribune, des conventions thématiques. Je pense qu'une convention thématique sur la laïcité, thème central pour les républicains et pour les socialistes, serait la bienvenue dans l'avenir. Je vous remercie.